
Les entreprises face au défi de la guerre des talents
La voix qui vibre, Didier Pitelet harangue l’assemblée, “quel est votre projet dans les tripes et dans le cœur ?” Il résume ainsi en substance, l’essentiel du message qu’il cherche à délivrer au sujet de la marque employeur, un concept qu’il a été l’un des premiers à importer en France, il y a une vingtaine d’années déjà.
Nous sommes rassemblés autour d’une centaine de dirigeants dans le tout nouvel immeuble de bureaux GECINA, à Issy-les-Moulineaux. Notre dernière conférence 2018 voit salle comble pour traiter des stratégies les plus à même de faire la différence en terme de gestion des talents.
Nouvelle donne numérique
Si le sujet est loin d’être neuf, il acquiert néanmoins une importance capitale au fil des ans. Dans un contexte de bouleversements majeurs, lié en partie à la transformation numérique et l’arrivée sur le marché du travail de nouvelles générations en quête de sens et hyper connectées, de nombreuses approches RH et managériales sont ainsi à réinventer.
Nous en traitons d’ailleurs régulièrement au sein de nos ateliers RH, comme au cours du premier plateau de cette conférence, avec les regards croisés de Didier Pitelet et Aurélie Robertet, DG France du cabinet de conseil Universum, spécialiste des sujets concernant la marque employeur.
L’entreprise qui veut rester compétitive aujourd’hui se doit d’impulser une démarche sincère, pour détecter les potentiels mais surtout les conserver.
À l’heure du tout-digital et des réseaux sociaux, inutile pour la mariée de continuer à se faire plus belle qu’elle ne l’est, plaisante Didier Pitelet
Derrière le vernis de la communication corporate, quelques minutes sur un moteur de recherche suffisent en effet à un talent potentiel pour comparer pléthore d’avis de collaborateurs, présents ou anciens, et prendre ainsi le pouls de l’entreprise qui le convoite.
Pour les grands groupes, comme pour les plus petites entreprises, il s’agit désormais de répondre à la raison d’être des collaborateurs, et non plus seulement à la simple raison économique.
Nouveaux modes de management
La marque employeur est ainsi le miroir des valeurs humaine de l’entreprise. Or, la plupart des états majors, déplorent les deux intervenants, ont encore du mal à s’aligner sur un véritable reflet stratégique.
C’est le constat mis en lumière encore récemment par le livre “La comédie inhumaine” de l’économiste Nicolas Bouzou et de la philosophe Julia de Funès, petite-fille de, qui n’a pas suivi les traces de son illustre grand-père et fut un temps chasseuse de tête.
Publié en septembre dernier, l’ouvrage y décrit comment l’entreprise est devenue le lieu de l’absurde à coup de “réunions interminables, séminaires sportifs et inflation des process”.
D’où la nécessité impérative de laisser les salariés exprimer librement leur intelligence critique, de bousculer les gouvernances et surtout, de placer les RH au cœur du projet. Ce qui implique en conséquence de redéfinir radicalement leur rôle au sein de l’organisation. Ou tout du moins, au sein de toute organisation ayant le succès en ligne de mire.
C’est bien un défi nouveau qui se joue ici, auquel doivent s’attaquer tous les dirigeants et les responsables RH conscients de l’enjeu qui y est rattaché. Il ne s’agit plus de traiter les collaborateurs d’une société comme de simple “ressources” mais plutôt de considérer l’Humain dans son ensemble. Cela nécessite une bonne dose d’ouverture pour à la fois faire confiance au collectif et tenir compte des valeurs, désirs et des rêves, propres à chacun.
Car c’est bien de cette manière que l’adéquation entre le projet collectif de l’entreprise et les talents singuliers pour le mener à bien, pourra combler les expectatives les plus ambitieuses des deux parties.
Cultiver une culture commune
C’est en tout cas la pensée que partage Jérémy Bismuth, le fondateur de Click&Boat, que nous avions déjà eu l’occasion de rencontrer dans le cadre de nos reportages Marque Employeur.
Dans cette start-up , “la fonction RH est ainsi portée par chacune des business units” explique Jérémy lors du second plateau. La culture d’entreprise se fortifie ainsi très naturellement à partir du cercle croissant des collaborateurs.
Depuis 4 ans, un seul a démissionné. Le reste de l’équipe a permis à la plateforme de boucler une quatrième levée de fond de quatre millions d’euros en juin dernier. Preuve s’il en est besoin, de la confiance qu’accordent les investisseurs au premier site de location de bateaux entre particuliers.
Confiance donc, mais également authenticité et engagement, un tryptique gagnant pour toute organisation agile du XXI ème siècle. Ce sont d’ailleurs les maîtres mots qu’a retenu Diane Da Silva, data-analyste et docteur en neuroscience. Notre intrigante “invitée-mystère” vient conclure la conférence, et y confirme si besoin la perspective tenue par l’un de ces fameux talents, au sujet duquel se porte toute l’attention des stratèges de guerre…
Pour aller plus loin
Retrouver les témoignages de Didier Pitelet et de Cédric Mendes, directeur-Adjoint Marque Employeur & Engagement de GROUPE COLAS, en vidéo :
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